Cette catégorie d’âge marque un premier tournant dans le cursus de l’apprenti footballeur. Avec, en toile de fond, le passage du Football d’Éveil à la Préformation dès les U10. Ce qui implique d’opérer une première orientation qui ne revêt aucun caractère rédhibitoire pour la suite.
La fin de la saison des U9 est « un moment particulier », confirme Aleksandar Nicic, responsable du Football d’Éveil au sein du CO Vincennes. « Ce moment va commencer à prendre vraiment du sens avec, à la clef, un basculement en U10 entre deux pôles, le football compétition et le Football Évolution », détaille-t-il.
En U9, l’idée directrice est de continuer à privilégier la découverte de la discipline en faisant en sorte que les jeunes licenciés soient les destinataires de discours différents puisque le staff a sciemment veillé à assurer une rotation des éducateurs entre les trois groupes de niveau (Mbappé, Lorris et Griezman). « Même si, sur le fond, la méthode d’enseignement et les fondamentaux ne changent pas, la manière de les professer varie, ce qui est un enrichissement pour les enfants dans un objectif d’apprentissage, d’éveil et de progression de tous », justifie Aleksandar Nicic. Jusque-là, la logique compétitive et de résultat n’est pas de mise.
« Au bout d’un moment, il faut bien commencer à trancher »
En U10, la donne et l’enjeu sont différents avec une répartition des effectifs en deux groupes, l’un dévolu à la compétition et réunissant ceux dont les habiletés sont avancées tandis que l’autre privilégie la dimension évolution et s’adresse à ceux qui ont encore besoin de s’épanouir et de s’étoffer pour prétendre, par la suite, disputer des matchs avec comme visée le résultat.
Les éducateurs insistent sur le fait qu’il s’agit là d’une orientation qui, précisons-le d’emblée, n’est en rien définitive. Il sera, en effet, possible en U11, et peut-être même pendant la saison U10, pour ceux qui auront acquis ce qui leur faisait jusque-là défaut, d’intégrer le collectif compétition. Néanmoins, la catégorie U10 se caractérise aussi par la prévalence de la concurrence. Tout simplement parce que c’est là la logique du sport en général et du ballon rond en particulier. « Ce qui nous importe, c’est surtout d’avoir placé tout le monde sur un pied d’égalité en faisant en sorte que les uns et les autres, quelles que soient leurs aptitudes et leurs prédispositions, aient pu être encadrés par l’ensemble des éducateurs et suivre les mêmes contenus de séance, ce qui est loin d’être le cas dans tous les clubs, insiste Aleksandar Nicic. On procède étape par étape mais au bout d’un moment, il faut bien commencer à trancher. »
Des éléments objectifs formalisés dans une grille d’évaluation
Ces dernières semaines ont fait office de juge de paix pour affiner certains jugements et déterminer qui jouera où à la rentrée prochaine. Évidemment, pareille décision a été étayée sur des éléments objectifs formalisés dans une grille d’évaluation. Autre critère d’appréciation : les tests quantitatifs (jonglages, conduite de balle chronométrée, sprint…). A ces données se sont ajoutées, très classiquement, les observations et les appréciations qualitatives des coaches quant au comportement et à l’implication à l’entraînement tant lors des exercices individuels que d’opposition. En particulier, en ce qui concerne les phases offensives, la perception du jeu, le placement et les déplacements, l’altruisme, la combativité etc. L’engagement, la marge de progression, le savoir-être du jeune footballeur, le dépassement de soi sont autant de qualités et de valeurs attendues.
Il est revenu à Aleksandar Nicic et à Rodolphe Mazarin, le responsable des U9, de statuer, quitte à expliquer, en toute transparence, aux jeunes et à leurs parents ce qui a présidé à leur choix.
Alexandre Terrini